Les écrits de l'AFL :
Extrait de
Lecture et informatique
dossier n°4 des Actes de Lecture
extrait
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INTRODUCTION

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Sans entreprendre une description appronfondie du logiciel ELMO, rappelons qu'il s'organise autour de 6 types d'exercices : 2 qui travaillent sur l'inférence et l'anticipation au niveau du texte ou de la phrase et 4 qui, de différentes manières, contraignent à une accélération du processus d'identification des mots, soit par la brièveté de leur temps d'apparition, soit par l'augmentation de leur nombre dans la même unité de temps. Cette deuxième famille de quatre types d'exercices prend appui sur un constat qui fait à peu près accord de tous les chercheurs et selon lequel la reconnaissance indirecte des mots demande davantage de temps dans la mesure où elle juxtapose deux opérations (la consultation du lexique mental supposant une transformation préalable des unités graphiques en indices phonologiques) que la reconnaissance directe (l'adressage se faisant ici à partir des unités graphiques sans qu'il soit nécessaire de les transformer).
Quant à la première famille d'exercices, celle qui porte sur l'inférence et l'anticipation, on voit bien, là encore, qu'elle renvoie de deux manières à ce processus d'identification : une première fois en facilitant le choix entre toutes les significations possibles convoquées par l'entrée dans le lexique mental (un peu comme on choisit entre plusieurs acceptions d'un mot dans le dictionnaire à partir du contexte d'emploi dans le texte) ; une seconde fois en permettant d'entrer dans le lexique mental, non seulement par le signifiant mais déjà un peu par le signifié, l'activité ne portant plus alors sur un adressage vers le lexique à partir des indices graphiques du texte mais sur une vérification de ces indices dans le texte à partir du lexique mental, en quelque sorte dans une démarche de vérification du signifiant.

Contrairement à l'image réductrice qui lui est parfois donnée par ceux qui n'ont guère pris la peine de le connaître, ELMO n'a donc rien à voir avec tout ce qui entoure la lecture rapide et le commerce qui en est fait dans la formation continue en entreprise. Aucune assimilation n'est possible avec la lecture sélective, de survol ou d'écrémage. C'est toujours de lecture intégrale qu'il s'agit et des conditions techniques qui rendent possible une lecture fervente, une lecture savante, une lecture fructueuse. On ne saurait en effet confondre le temps passé à lire et le temps passé à déchiffrer pour lire, temps qui, chez le lecteur expert, ne se rencontre guère que pour des noms propres, et encore... Tout montre que plus la voie directe est empruntée et plus le lecteur, libéré du souci de surveiller "le tranchant de la bêche", s'adonne au travail du texte.

ELMO répond donc précisément à cette question que posent les recommandations ministérielles et que nous avons rappelée : s'il est vrai que la lecture experte utilise prioritairement la voie directe et que les méthodes d'enseignement entraînent à la reconnaissance indirecte des mots, comment se fait le passage entre l'apprentissage et la pratique experte ? Peut-on laisser sans questionnement cet étonnant fossé entre ce qu'on doit faire pour apprendre et ce qu'on doit apprendre à faire ? Est-il bien raisonnable de croire que tout cela va se passer sans que l'élève en ait conscience et, de surcroît, à notre insu quand on voit le nombre important d'enfants qui n'y parviennent jamais ? Dans le meilleur des cas, ne resteront-ils pas des déchiffreurs véloces tant la voie directe n'est décidément pas dans le prolongement naturel de la voie indirecte ?
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Lecture et informatique
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