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La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°27  septembre 1989

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ATELIERS LECTURE SUR VILLIERS-LE-BEL

Une politique globale de lecture sur Villiers-le-Bel ? Un premier maillon : des ateliers lecture sur un quartier de la ville. Les ingrédients de départ :

* Un contrat d'agglomération, signé entre la Commune et le Ministère des Affaires Sociales, qui permet la mise en place d'actions d'insertion destinées aux personnes en difficulté de la ville... contrat monté sur la base d'un appel d'offres à toutes les associations porteuses de projets.

* La formation de personnels relais, futurs animateurs de ces ateliers, et démultiplication sur d'autres quartiers, au fur et à mesure de l'expérience.

* Les nanoréseaux des écoles, sous-utilisés, permettant d'exploiter des outils informatiques (ELMO et ELMO 0) et l'entrée de parents dans les écoles.

... Et d'abord - et surtout - la volonté des décideurs (municipaux et associatifs) d'installer dans les quartiers de la ville les plus urbanisés, des ateliers lecture, « cassant » un peu les murs de l'école qui se frotte alors à des publics inhabituels d'adultes, parents ou non.

On se surprend à rêver d'un partage plus démocratique de l'écrit - et du pouvoir qu'il donne - d'une communication familiale où l'écrit a toute sa place, d'une responsabilisation plus forte des personnes en tant que citoyens... Mais la réalité des ateliers n'est pas toute simple ! De l'idée à sa mise en place, c'est une mobilisation énorme d'énergie, de réseaux, de moyens, de temps passé en réunions, négociations, argumentations... Les ressources du partenariat... c'est d'abord des circuits d'information - réseaux sociaux - de la ville : les bibliothécaires, les instituteurs et directeurs d'école, les animateurs des centres sociaux... personnes côtoyant des publics larges et différents. C'est aussi le tableau électronique et l'imprimerie de la ville pour une diffusion des informations (tracts notamment) et une place régulière dans le journal de Villiers-le-Bel.

Une « grand messe » lecture est organisée, et Jean FOUCAMBERT donne le « top départ » par une conférence sur les enjeux de la lecture aujourd'hui sur une commune... et peu à peu, un petit groupe de dix personnes émerge, décidé à affiner et à porter les ateliers : la bibliothécaire, une animatrice de l'Office Socioculturel, des parents d'élèves, une étudiante en linguistique, une formatrice d'un mouvement d'alphabétisation, un éducateur acceptent donc de :

- Suivre une formation de formateur à l'AFL, payée sur le contrat d'agglomération, pris en partie sur leur temps personnel.

Formation lecture pour eux-mêmes qui les aide à concevoir les ateliers.

- Tenter l'expérience en bénévoles, jusqu'au mois de juin suivant, à raison de deux heures par jour, en soirée.

Le lancement se fait sur le quartier des Carreaux, lieu largement fréquenté par les travailleurs sociaux, où une population très hétérogène se croise déjà dans des lieux associatifs vivants (un animateur d'école maternelle très actif dans des activités de prévention de l'échec scolaire, par exemple, se propose comme relais démultiplicateur). Une formation AFL est montée, en accompagnement des questions et recherches du groupe, jusqu'à la fin de l'expérience. Quel bilan aujourd'hui ?

Trop tôt pour le dire sans doute. Mais l'atelier fonctionne depuis trois mois avec une trentaine de personnes du quartier, et un petit nombre y participe avec l'objectif de devenir des relais démultiplicateurs pour d'autres quartiers.

L'investissement de la municipalité est fort, et porteur, confiante qu'elle est des enjeux d'une démocratisation des effets en chaîne de cette action d'un lieu sur l'autre (école et familles, école et lieux associatifs, bibliothèque et centre de loisir...). Si l'initiative est signée de la commune dès le départ, on arrive aujourd'hui par avoir des demandes de formation et de pratiques différentes de certains enseignants des écoles.

Mais tout n’est pas tout rose, jamais... La conscience est vive aussi du danger d’ banaliser les ateliers lecture comme un outil technique mis à disposition de tous, comme un atelier sport par exemple. Les problèmes seraient réglés depuis longtemps, s’il ne s’agissait que de démultiplier des actions techniques auprès d’un plus grand nombre.

Ce qui donne du sens à ces ateliers, c’est leur ancrage dans un réseau d’activités multiples lancés par la Municipalité et le CEFEP depuis plusieurs années : sur ce Quartier des carreaux, par exemple, un groupe « petite enfance » mobilise les assistantes sociales, les personnes de crèche et de PMI, et un poste d’animatrice financé par la commune... Pas m=$loin, c’est une exposition-animation conçue avec les enfants des écoles : « Lire-Écrire » qui peut circuler entre les différents lieux... Sur la ZAC, un deuxième groupe « Petite Enfance »... Au CEFEP, des stages et des ateliers sont proposés à des salariés et des demandeurs d’emploi, jeunes et adultes.
Restent à inventer des rapports nouveaux, des circuits de production « courts », des actions conçues avec les publics et plus à leur destination. Tous les acteurs le savent.

Arlette YAICH (CEFEP, Villiers-le-Bel)