La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°55  septembre 1996

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Note de lecture


Oser changer l'école.
G.Bouyssou, P.Rossano, F.Richaudeau.
Biblioth. Richaudeau/Albin Michel.
 

Le lecteur de cet ouvrage composé d'un ensemble de "propos" généralement courts, bénéficie d'emblée de conseils pour l'aborder en se servant de deux tables des matières : l'une, alphabétique, des sujets traités et l'autre par entrées thématiques. C'est que, est-il expliqué, on a affaire à un "hyper-texte gutenbérien" ! C'est dire qu'on peut l'utiliser à la manière d'un dictionnaire et commencer par le texte ou le thème qui retient l'attention. Chaque texte étant terminé par la liste des autres articles en relation avec lui, il est donc possible à chacun d'avoir un "angle d'attaque" et un cheminement personnels dans une lecture qu'on espère complète du livre...

À travers des sujets aussi variés que l'exclusion à l'école, l'architecture, la mémoire ou encore le zapping ou la sexualité (et dont la liste alphabétique vous prendrait vite l'allure d'un inventaire à la Prévert !) nos 3 auteurs s'efforcent de couvrir le plus d'aspects possibles du vaste champ de l'école et de l'enseignement sans avoir la prétention - le pourraient-ils ? - d'embrasser la totalité. Chaque article pourtant - qu'il dénonce un problème ou qu'il préconise une solution - participe au même but : répertorier et stigmatiser les difficultés de l'école à évoluer et à s'adapter aux impératifs du temps, définir les mutations indispensables et les changements - notamment dans les mentalités - à opérer pour que l'école soit à la hauteur de sa mission. Car, malgré le ton polémique et pamphlétaire de certains textes, ne nous y trompons pas : ce qui anime G.Bouyssou, P.Rossano et F.Richaudeau, c'est leur attachement à cette école, " dernier lieu de résistance " écrivent-ils, mais qui n'en finit pas de rompre avec une organisation, un fonctionnement, des modes de regroupement des enfants, des conceptions pédagogiques, des objectifs et des pratiques qui, pour avoir fait leurs preuves, n'en sont pas moins obsolètes au regard de ce que l'on sait des apprentissages, des objets d'apprentissage, du monde dans lequel elle agit, des modes de vie des publics auxquels elle s'adresse, etc..

Pierre Rossano, dans un texte intitulé Utopie, fait en quelque sorte une synthèse de l'ensemble des autres articles en présentant sous forme de rêve ce que pourrait être cette école non pas future mais dont on a besoin, selon lui, tout de suite. On voit bien que son avènement ne dépend ni de réformes officielles, ni de décisions budgétaires, mais de changements de mentalités, d'engagements militants. G.Bouyssou, P.Rossano et F.Richaudeau sont suffisamment connus par leurs autres ouvrages pédagogiques pour qu'il ne soit pas utile de préciser ici leur philosophie générale, laissant ainsi au lecteur le soin de découvrir article par article leurs colères et leurs propositions.

M.V.