29 - LA DESCOLARISATION DE LA
LECTURE EST-ELLE MIEUX RECUE EN
DEHORS DE L'ECOLE ?
PAR LES COLLECTIVITES ?
- La nécessité de lutter
contre l'illettrisme et les difficultés d'insertion sociale qu'il
entraîne, ont amené la Secrétariat Général
pour les Affaires Régionales, Préfecture de Région,
à coordonner un ensemble d'initiatives des différentes administrations
de l'Etat (...) pour une démarche méthodique aboutissant
à un appel à projets "Villes-Lecture", qui s'adresse à
toutes les villes de la Région. Il reprend et élargit une
idée originale de l'Association Française pour la Lecture...
Le projet consiste, à partir
d'un état des lieux en matière de "savoir-lire" établi
sur l'ensemble de la population (...) à faire apparaître la
volonté de mise en réseau de l'ensemble des partenaires concernés
: élus, habitants, professionnels, associations, organismes divers,
instituions...
Un appel à projets.
Région PACA. 1990.
- Nous avons reçu de la part de responsables
de partis politiques un excellent accueil : en voilà une bonne idée
! Être ville-lecture, c'est exactement... Mais... Mais y aura-t-il des
dépenses supplémentaires ? Mais y aura-t-il à persuader
certains adjoints d'abandonner un peu de leur territoire ? Y aura-t-il
à demander à des professionnels d'institutions différentes
(écoles, bibliothèques, entreprises, organismes sociaux,
associations, etc.) qu'ils définissent un autre accord que de non-agression
? Y aura-t-il à affirmer, au-delà des intentions généreuses,
des orientations très différentes du plus petit dénominateur
commun auquel se reconnaissent les consensus ?
Jean Foucambert. Histoire d'une idée
- Dans son rapport, Bernard Pingaud
attribue un rôle important à la Direction du Livre et de la
Lecture pour impulser une politique de lecture au niveau local et régional
; l'idée des villes-lecture y est reprise sur la base d'un "projet
global cohérent". Mais on est encore à s'interroger sur la
politique retenue par le Ministère de la Culture (...) Aussi les
cheminements des communes continueront-ils d'être très divers
: certaines, prudentes, implantant difficilement quelques actions-lecture
; d'autres plus pressées - et plus riches - risquant bien, si elles
sont livrées à elles-mêmes, de se lancer dans des opérations
de pur prestige.
Pierre Badiou. Villes-Lecture
: l'affaire de qui ?
- Le terme de déscolarisation
ne me plaît guère (...) Ce terme dédouane de leurs
responsabilités propres les partenaires qu'on veut impliquer et
sert d'alibi au refus d'agir (...) Un tel enjeu mérite de faire
avancer l'idée que la lecture est l'affaire de tous sans que les
professionnels de l'école se sentent mis sur la touche...
Jeanne Finet (alors membre du Bureau
de la FEN)
- 22 communes répondent agir en direction des
enfants, 16 des adolescents, 9 des immigrés, 2 des adultes, des
mères de familles, des bénéficiaires du RMI, 2 des
populations de quartiers et 1 des chômeurs. Majoritairement, les
communes veulent agir en direction des enfants et adolescents. Est-ce parce
que les médias répètent que les jeunes lisent de moins
en moins ou parce que c'est un public facile à cerner, à
identifier ? Il est peut-être également plus facile d'essayer
de remédier aux problèmes de lecture des jeunes à
l'aide du système scolaire et du réseau associatif et les
résultats se révèlent peut-être plus gratifiants
que pour des adultes.
Joëlle Menant. DRAC PACA. Rapport d'enquête.
- Il en est pour Paris comme pour
beaucoup de communes. Elles s'engagent pour la lecture par le biais des
écoles. Prioritairement c'est à ce champ et à ce public
que songent les responsables et les élus (...) C'est nécessaire
et indispensable et on ne peut que s'en féliciter car on ne conçoit
pas une politique de lecture qui oublierait ou négligerait la période
et les lieux de l'apprentissage initial. Comme il est nécessaire
et indispensable d'agir dans le cadre de la formation continue des adultes
et de la réinsertion sociale et professionnelle. On constate pourtant
que les instances nationales ou locales privilégient les publics
"captifs" en utilisant des structures préexistantes. C'est bien,
mais est-ce suffisant ?
Sans préjuger de la suite
qu'elles donneront, on remarque pour le moment l'hésitation ou la
difficulté qu'elles éprouvent à oeuvrer dans un champ
plus large, plus global et qui engloberait l'ensemble de la population
dans des lieux où elle vit et agit. C'est qu'il s'agit alors d'inventer
et non pas d'améliorer ce qui se fait déjà...
Michel Violet. À propos du plan
Paris-Lecture.