La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°51  septembre 1995

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28 - LA DESCOLARISATION DE LA
LECTURE EST-ELLE MIEUX RECUE EN
DEHORS DE L'ECOLE ?
PAR LES SYNDICATS ?
 
 
 
- En plaçant le livre au cœur des activités culturelles proposées aux salariés, en faisant de la bibliothèque le véritable centre culturel de l'entreprise, les C.E. et organismes équivalents jouent un rôle important pour favoriser l'accès de tous à la lecture et pour soutenir la création littéraire (...) Les Bibliothèques de Comités d'Entreprise, grâce à leur ancrage dans le monde du travail, sont des pôles de résistance au recul de la lecture (...) Les organisations signataires appellent les élus d'entreprise à poursuivre et intensifier leurs actions pour la promotion de la culture et en particulier la lecture...
Charte inter-syndicale pour le développement de la lecture en entreprise
 
 
- La culture, l'accès à la lecture font partie des efforts à mener pour donner aux salariés les éléments de l'émancipation. Un revendicateur, c'est un pauvre qui réfléchit. 

Maurice Lamoot. Secrétaire confédéral CGT. Interview 

 
 
- Les bibliothèques font partie de la lutte syndicale car elles sont un moyen pour les employés de se parfaire, de s'améliorer au niveau culturel.
Rémy Caillat. Secrétaire confédéral F.O. Interview.
 
 
 
- Une organisation syndicale qui a pour ambition, pour responsabilité et pour finalité première l'expression la plus large des salariés, le développement maximal d'une pleine et riche citoyenneté ne peut rester immobile lorsque recule la lecture et croissent la passivité et le renoncement. 

Jean Michel Leterrier. La lecture en entreprise. 

 
 
- Nous ne posons pas la question de la constitution d'une bibliothèque de comité d'entreprise comme ferment de sensibilisation du personnel à une certaine forme d'expression, de réflexion... Nous ne nous demandons pas si ça va nous permettre d'avoir un pouvoir plus grand mais si cette forme de subversion du livre va être bénéfique pour le personnel qui y travaille et pour la vie même de l'entreprise.
Nathalie Delannoy. Service culturel de la CFTC. Interview.
 
- Aucun doute pour l'AFL : les organisations syndicales sont ses meilleurs partenaires quand elles ne posent pas les problèmes en terme de généralisation de ce qui se fait déjA mais de création à partir d'une analyse des rapports sociaux qui créent les inégalités. Le monde, pour changer, n'a pas besoin de la conformité de ses exclus à des valeurs dominantes qui génèrent et entretiennent leur exclusion. Il attend leur réflexion et leur action volontaires pour sortir de leur impuissance en conquérant du pouvoir. L'écrit est le meilleur outil de cette conquête et les syndicats le lieu privilégié de cette prise de conscience. 
Yvanne Chenouf. Le rôle de l'écrit dans les activités sociales que sont les vacances
 
 
 
 
29 - LA DESCOLARISATION DE LA
LECTURE EST-ELLE MIEUX RECUE EN
DEHORS DE L'ECOLE ?
PAR LES COLLECTIVITES ?
 
- La nécessité de lutter contre l'illettrisme et les difficultés d'insertion sociale qu'il entraîne, ont amené la Secrétariat Général pour les Affaires Régionales, Préfecture de Région, à coordonner un ensemble d'initiatives des différentes administrations de l'Etat (...) pour une démarche méthodique aboutissant à un appel à projets "Villes-Lecture", qui s'adresse à toutes les villes de la Région. Il reprend et élargit une idée originale de l'Association Française pour la Lecture...
Le projet consiste, à partir d'un état des lieux en matière de "savoir-lire" établi sur l'ensemble de la population (...) à faire apparaître la volonté de mise en réseau de l'ensemble des partenaires concernés : élus, habitants, professionnels, associations, organismes divers, instituions... 
Un appel à projets. Région PACA. 1990.
 
- Nous avons reçu de la part de responsables de partis politiques un excellent accueil : en voilà une bonne idée ! Être ville-lecture, c'est exactement... Mais... Mais y aura-t-il des dépenses supplémentaires ? Mais y aura-t-il à persuader certains adjoints d'abandonner un peu de leur territoire ? Y aura-t-il à demander à des professionnels d'institutions différentes (écoles, bibliothèques, entreprises, organismes sociaux, associations, etc.) qu'ils définissent un autre accord que de non-agression ? Y aura-t-il à affirmer, au-delà des intentions généreuses, des orientations très différentes du plus petit dénominateur commun auquel se reconnaissent les consensus ? 

Jean Foucambert. Histoire d'une idée 

 
- Dans son rapport, Bernard Pingaud attribue un rôle important à la Direction du Livre et de la Lecture pour impulser une politique de lecture au niveau local et régional ; l'idée des villes-lecture y est reprise sur la base d'un "projet global cohérent". Mais on est encore à s'interroger sur la politique retenue par le Ministère de la Culture (...) Aussi les cheminements des communes continueront-ils d'être très divers : certaines, prudentes, implantant difficilement quelques actions-lecture ; d'autres plus pressées - et plus riches - risquant bien, si elles sont livrées à elles-mêmes, de se lancer dans des opérations de pur prestige.
Pierre Badiou. Villes-Lecture : l'affaire de qui ?
 
- Le terme de déscolarisation ne me plaît guère (...) Ce terme dédouane de leurs responsabilités propres les partenaires qu'on veut impliquer et sert d'alibi au refus d'agir (...) Un tel enjeu mérite de faire avancer l'idée que la lecture est l'affaire de tous sans que les professionnels de l'école se sentent mis sur la touche...
Jeanne Finet (alors membre du Bureau de la FEN)
 
- 22 communes répondent agir en direction des enfants, 16 des adolescents, 9 des immigrés, 2 des adultes, des mères de familles, des bénéficiaires du RMI, 2 des populations de quartiers et 1 des chômeurs. Majoritairement, les communes veulent agir en direction des enfants et adolescents. Est-ce parce que les médias répètent que les jeunes lisent de moins en moins ou parce que c'est un public facile à cerner, à identifier ? Il est peut-être également plus facile d'essayer de remédier aux problèmes de lecture des jeunes à l'aide du système scolaire et du réseau associatif et les résultats se révèlent peut-être plus gratifiants que pour des adultes. 

Joëlle Menant. DRAC PACA. Rapport d'enquête. 

 
- Il en est pour Paris comme pour beaucoup de communes. Elles s'engagent pour la lecture par le biais des écoles. Prioritairement c'est à ce champ et à ce public que songent les responsables et les élus (...) C'est nécessaire et indispensable et on ne peut que s'en féliciter car on ne conçoit pas une politique de lecture qui oublierait ou négligerait la période et les lieux de l'apprentissage initial. Comme il est nécessaire et indispensable d'agir dans le cadre de la formation continue des adultes et de la réinsertion sociale et professionnelle. On constate pourtant que les instances nationales ou locales privilégient les publics "captifs" en utilisant des structures préexistantes. C'est bien, mais est-ce suffisant ?
Sans préjuger de la suite qu'elles donneront, on remarque pour le moment l'hésitation ou la difficulté qu'elles éprouvent à oeuvrer dans un champ plus large, plus global et qui engloberait l'ensemble de la population dans des lieux où elle vit et agit. C'est qu'il s'agit alors d'inventer et non pas d'améliorer ce qui se fait déjà...
Michel Violet. À propos du plan Paris-Lecture.