L'éditorial
Marie me disait ce matin qu’elle allait prendre un petit congé. Quelques jours pour respirer. C’est vrai que « les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent ». Elle voudrait, par exemple, « déjeuner en paix » sans avoir l’impression en lisant son journal de plonger dans le marigot du capitalisme et risquer, chaque seconde, de se réconcilier ainsi avec la servitude qui était la sienne quand elle travaillait.
Nous vivons une époque formidable. Et tumultueuse. Mais ne dit-on pas cela de toute époque ? Formidable, parce qu’on s’étonne toujours de la rapidité du progrès technologique qu’on aimerait qu’il soit partagé par tous. Tumultueuse, et c’est souvent un euphémisme, parce que le monde ne se débarrasse décidément pas du profit, cette forme d’avarice qui ronge l’humanité. Les produits de première nécessité augmentent considérablement. La misère d’autant.
« Il n’est pas nécessaire que je puisse acheter de brillantes étoffes ; mais il faut que je sois assez riche pour acheter du pain, pour moi et pour mes enfants. Le négociant peut bien garder, dans ses magasins, les marchandises que le luxe et la vanité convoitent jusqu’à ce qu’il trouve le moment de les vendre au plus haut prix possible ; mais nul homme n’a le droit d’entasser des monceaux de blé, à côté de son semblable qui meurt de faim. »
Quand la lune se glisse le soir derrière un nuage allongé, elle prend le teint rosé. La tête ronde de Marie aussi. Elle dodeline au rythme lent de ses jambes raides et douloureuses tel un Quasimodo dégringolant Notre-Dame. Ma voisine prend la vie à pleines mains.
On peut décrire, comme Aldous Huxley, les gestionnaires de ce monde comme des conservateurs résolus à tout prix à développer leur monde comme une entreprise florissante, en transformant l’humanité en une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude. Et pour cela, ils entretiennent le nationalisme exacerbé. Ils organisent la rétention d’informations pour dissimuler les symptômes du frottement social de la lutte des classes. Grande est la vérité, mais plus grand encore, du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vérité, écrivait Huxley. Ils ont institué la distraction non stop (le foot, version moderne de « du pain et des jeux », les jeux de hasard, la presse people). On peut parler de conditionnement par les médias depuis le plus jeune âge pour que chacun devienne consommateur avant d’être citoyen.
– Bonjour Monsieur Piriou. Ils disaient au poste ce matin que c’est Internet qui fait les révolutions !
– Robert, crie Marie du fond de son jardin, tu es bien tôt à déballer des âneries.
La durée d’écoute mondiale de la télévision ne cesse de progresser pour atteindre 3h10 (avec plus 7mn pour la France qui passe 3h32 devant le petit écran). Et l’uniformisation est à l’œuvre avec l’adaptation de formats internationaux à la recherche de « talents divers ». On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bête.
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Le sommaire

ÉDITORIAL
Marie et Robert. Michel PIRIOU (Ils tiennent une place unique dans ce monde qui leur échappe)
CLASSES-LECTURE
- rappels inutiles ? Michel VIOLET (Que sont les classes-lecture devenues ?)
- des projets et leurs réalisations. Christian Berberich, Sylvie Müller, & Sophie Vogel (Des classes-lecture à Montpellier. Satisfactions, difficultés et perspectives)
- une classe-Lecture-écriture à Romainville. Alain DÉCHAMPS & Françoise BOULINGUET-LAURENT (Premier article d’une série relatant l’organisation d’une classe-lecture à Romainville)
LECTURE
L’apprentissage du fonctionnement syntaxique au service de la lecture. Annie Janicot (Une compétence nécessaire : la familiarité avec les structures syntaxiques).
DOSSIER : la LSF dans l’accès des sourds à l’écrit. Des hypothèses à leur validation. (Compte-rendu du colloque des 18 et 19 novembre 2010)
- introduction. Michel PIRIOU
- de la surdité à la production écrite. Anne VALIN
- qu’est-ce que la pédagogie bilingue. Élise LEROY
- sourds, surdité, oralité et scripturarité des langues. Paradoxes et enjeux. Brigitte GARCIA
Ateliers : La LSF dans l’accès à l’écrit des sourds.
- témoignages de pratiques
Catherine TEXIER
Chrystell LAMOTHE
- analyse des particularités observées dans les productions écrites d’adultes sourds. Marie PÉRINI
-analyse de pratiques. Hedwige DAUTREY & Sandra RECOLLON
- le projet Vidéographix. Claire-Lise VELTEN
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L'université d'été de l'AFL se déroulera du 4 au 8 juillet au lycée agricole La Vinadie à Figeac (arrivée souhaitée le 3 avant le dîner, départ au plus tôt le vendredi après 17 heures).
Il a été retenu le principe d’un tarif unique de 125€ pour les adhérents de l’AFL et de 150€ pour les non-adhérents.
Cette semaine débutera, le 4 par un débat autour de la politique de l’école, avec les nombreux auteurs du livre « Pédagogies alternatives » (sortie en octobre prochain aux éditions de l’AFL).
4 conférences-débats en soirée, au centre culturel de Figeac :
- le 4 : une lecture experte du Meunier de Ganil par Jean Foucambert
- le 5, une conférence autour des langages croisés
- le 6, le langage cinématographique par Jean-Christophe Ribot.
- le 7, le langage architectural par Jean François Parent.
Vous trouverez sans doute quelques minutes pour une visite spéciale du Musée Champollion et un par-cours dans la ville de Figeac, l’un des hauts sites de la région Midi-Pyrénées.
Ces 5 journées se partageront en ateliers le matin et en grand groupe l’après midi :
Cadre théorique
Cette Université d’été est ouverte à un public intéressé par une pédagogie de production qui nécessite l'usage de différents langages. Il s’agira de définir à quelles conditions cette pédagogie peut s'exercer (organisation de la classe, de l'école…) et de construire des outils d'observation de comportements d'élèves, de description de pratiques incluant des activités de production, de théorisation et de modélisation.
Pour l'écrit, langage qui se développe dans un champ visio-spatial qui reste disponible, contrairement à l'oral qui se développe dans un champ audio-temporel et qui disparaît au fur et à mesure de son énonciation, Jack Goody parle "de domestication de la pensée sauvage" et de "raison graphique". Celle-ci peut se définir comme l'ensemble des opérations intellectuelles (re formalisation, extraction, vérification, conservation, réorganisation..) que permet ce développement visio-spatial.
Il est probable que chaque langage produit sa propre "raison" et qu'il y ait, par exemple, "une raison cinématographique" permettant de modéliser le réel de manière spécifique.
Notre réflexion portera ainsi sur les spécificités de ces différentes "raisons" et comment elles se conjuguent dans le cas de messages plurilingues, autrement dit de définir les éléments symboliques des syn-taxes qui les organisent.
Le matin, les participants pourront se répartir selon leur intérêt comme entrée dans la recherche-action :
• l’organisation de l’école : et des sous-groupes (classe-lecture, classe atelier, BCD…)
• les outils : des sous-groupes (IDEOGRAPHIX, commande à l’adulte…)
• Les langages : des sous-groupes (cinéma, photo, danse, théâtre, écrit, oral…)
Il ne s’agit ni de lieux d’initiation ni de spécialisation mais plutôt des ateliers de réflexion au regard des pratiques des uns et des autres, des groupes de production contribuant tous au travail de la recherche qui se déroulera en grand groupe l’après-midi.
Se rendre au lycée agricole La Vinadie
- par train : navette assurée par l'AFL
- en voiture
GL08 : stand AFL sur le salon de l’éducation
Présentation notamment de la collection “Lectures à l’œuvre”
mercredi 8 juin - 10h à 19h - Charleville-Mézières
site du salon de l'éducation
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GL 32 : Salon du livre jeunesse de Lectoure
11 juin 2011 de 10h à 19h - Halle polyvalente
"La Ville de Lectoure propose pour la 3ème année consécutive un Salon du Livre consacré à la
Littérature Jeunesse.
En 2011, le Salon s’axe sur la thématique de l’environnement, sur les arts plastiques et s’ouvre
au roman jeunesse avec comme invités, des auteurs-illustrateurs et des
plasticiens."

À 15h, Hélène Montarde animera une table ronde sur le personnage féminin dans la littérature. L'AFL fait référence à ses travaux dans le n°2 de la collection Observatoire des écrits, lire au second degré ou la conscience d'un regard.
- le programme : téléchargement ici
- plus de renseignements sur le site de la ville
Colloque : recherches et formations en littérature de jeunesse : état des lieux et perspectives.
22 juin de 9 heures à 18 heures - Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand
Un colloque organisé par le Centre de recherches textes et francophonies (CRTF) de l’université de Cergy-Pontoise et la BnF/ Centre national de la littérature pour la jeunesse - La Joie par les livres
plus de détail sur le site du CRTF
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- le programme du colloque

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