Les recherches et les travaux que notre association
développe depuis 25 ans nous amènent à
formuler notre démarche pour l'appropriation de la lecture
et de l'écriture avec les termes suivants : apprentissage
linguistique de l'écrit. Cela signifie que
l'écrit est rencontré pour ce qu'il est, un
message signifiant dans un contexte de communication réelle,
et que la pratique de ce message écrit va conduire
à découvrir les lois de l'écrit, le
code de l'écrit. Démarche identique à celle appliquée dans la pédagogie des langues
étrangères depuis quelques années.
... la langue orale est la langue de travail qui permet de parler de
l'écrit (et non le parler), de commenter sa
spécificité, pour finalement arriver à
percer son fonctionnement. Comme elle l'est quand on apprend le latin,
l'anglais ou le finois.
Comme l'est ou devrait l'être la Langue des signes pour les
sourds qui apprennent le français écrit.
Actuellement, les méthodes d'enseignement de
la lecture fonctionnent soit, surtout au cycle 3, sur le principe
inverse, du code au message, enseignant les lois de l'écrit
et espérant que cela permettra d'apprendre à lire
et à écrire ; soit, plus souvent encore au cycle
2, sur un principe de transcodage entre le code écrit et le
code oral, reposant sur la croyance que l'écrit serait un
oral posé sur le papier et que l'oral serait le passage
obligé pour lire et écrire.
C'est cette conception phonocentriste, oraliste, qui n'a pas permis
d'envisager l'apprentissage de la lecture des sourds autrement
qu'à travers le passage par leur démutisation.
Dans la démarche d'apprentissage linguistique,
l'écrit est considéré comme une langue
seconde, voire une langue étrangère, tant les
différences de nature et de fonctionnement avec le
français oral les rendent disjoints.
Dans cette perspective, la langue orale est la langue de
travail qui permet de parler de l'écrit (et non le parler),
de commenter sa spécificité, pour finalement
arriver à percer son fonctionnement. Comme elle l'est quand
on apprend le latin, l'anglais ou le finois. Comme l'est ou devrait
l'être la Langue des signes pour les sourds qui apprennent le
français écrit. Comme l'ont
été les textes en copte et en grec de la Pierre
de Rosette qui ont permis à Champollion de
découvrir le fonctionnement des hiéroglyphes, du
message et sa compréhension, vers le code : lire
à ce propos le
témoignage de Marie-Thérèse Abbou.
La revue trimestrielle de l'AFL, LES ACTES DE LECTURE, a déjà publié plusieurs articles sur l'apprentissage de la lecture chez les sourds
Lire
dans la marge de Jean Foucambert, chercheur à
l'INRP, septembre 1986, n°15. Jean Foucambert introduit avec ce
texte le dossier "lecture et handicap", extraits : " [...] au lieu de
se demander comment contourner le handicap de la surdité
pour qu'il ne rejaillisse pas sur un apprentissage d'autant plus
essentiel qu'il va devenir un moyen privilégié
d'entrer en relation avec le monde, on tente d'utiliser l'enseignement
comme moyen d'affronter le handicap lui-même.[...]et la
soumission à la norme transforme la différence en
handicap."
Les
enfants sourds (Roland Goigoux, enseignant
spécialisé, sept./déc. 86,
n°15 et 16) "Le bon sens peut s'étonner qu'on puisse
autant s'acharner dans le rejet de la langue des signes et dans le
recours à la correspondance entre l'écrit et
l'oral avec des gens qui n'entendent pas l'oral ! C'est oublier la
volonté de normaliser, d'unifier, d'uniformiser qui a
caractérisé la grande période de
l'école de Jules Ferry."
Le mythe d'un mythe (Carlos Sanchez sept.89,n°27) : "un essai de démythification du symbole (Hellen Keller, prétendument aveugle et sourde) qui a été
utilisé de façon abusive pour prôner en exemple,
dans l'éducation des sourds, les prétendus succès
d'une méthodologie. La méthodologie oraliste qui, après
un siècle d'ignominies, se présente finalement comme
insoutenable."
Surdité, handicap ? Comment les sourds peuvent-ils entrer dans
l'écrit ? (Anne Valin, décembre 1997,
n°60.) Anne Valin, après un an de travail au
Service d'Enseignement Bilingue de Poitiers et de rencontres avec l'équipe du Centre Laurent Clerc de
Champ sur Marne, livre ses réflexions sur l'enseignement de
la lecture et de l'écriture aux jeunes sourds.
article complété
en octobre 2000
Lecture,
écriture des enfants sourds de Marlon Kuntze, de
l'Université Stanford,
Californie, mars 1999, n°65. Cet article fait le point sur les
vertus comparées de l'anglais signé et de la
langue des signes américaine dans l'accès
à l'anglais écrit.
Surdité,
bilinguisme et voie directe de Anne Mahé,
professeure des écoles spécialisée, septembre 2000, n°71. Extrait du paragraphe de conclusion de
l'article : "En soulignant la spécificité et la
relative indépendance de l'écrit en tant
qu'instrument psychique de traitement et de contrôle du
réel, les travaux de Vygotski et ceux des
pédagogues qui s'inscrivent dans sa filiation devraient
stimuler la réflexion de la communauté sourde et
de tous ceux qui contribuent à une approche respectueuse de
la culture sourde."
De manière plus
générale, LES ACTES DE LECTURE ont
également publié deux articles sur le bilinguisme
et l'apprentissage de la lecture, où on s'apercevra que ces
articles fonctionnent parfaitement quand on remplace "langue orale" par
"LSF"... :
On
n'apprend à lire qu'une fois de Jean Duverger,
Inspecteur de l'Éducation nationale, responsable de la
formation des enseignants des écoles françaises
à l'étranger, septembre 1990, n°31. "On
n'apprend à lire qu'une fois... C'est à dire que
le comportement de lecteur et que l'analyse de la
spécificité de l'écrit
s'élaborent et se construisent progressivement, plus ou
moins bien certes, mais quelle que soit la langue support."
On
apprend mieux à lire avec deux langues de Jean
Duverger,
Inspecteur de l'Éducation nationale, responsable de la formation des
enseignants des écoles françaises à l'étranger, septembre 1998, n°63. "Au
total, oui, il est vraisemblable qu'on devient meilleur lecteur et
producteur d'écrits en apprenant avec deux langues
plutôt qu'avec une seule, surtout quand celle-ci est la
langue maternelle, c'est-à-dire la langue de l'oral. [la
L.S.F.]"
Un texte d'Anne Valin : langue de travail pour apprendre l'écrit voir aussi, publié en 2002, le Théo-Prat' n°8 : "Langue des Signes, voix de la lecture".
Cliquez ici pour retrouver
l'enquête pédagogique individuelle, à
l'intention des enseignants, formateurs éducateurs qui
travaillent dans les établissements pour enfants
sourds... mentionnée dans le Théo-Prat' page 13.
Lecture et surdité (Anne Valin, mars 2002,
n°77.)
Un groupe composé d’enseignants sourds et entendants
exerçant en milieu "sourd" et de membres de l’AFL
réfléchit à l’apprentissage de
l’écrit - lecture et écriture - des sourds par la
voie directe avec la langue des signes comme langue
d’enseignement.
Un exemplaire de la collection Théo’Prat est en
préparation et un colloque sur ce sujet aura vraisemblablement
lieu en octobre 2002.
Anne Valin, membre de ce groupe et qui assure depuis quatre ans le suivi d’une expérience dans l’établissement Laurent Clerc de Champs sur Marne, fait ici le point de la situation.
La langue
des signes et Idéographix de Denis Foucambert et Thierry Opillard. À la suite de
l'Université d'été de Souillac de
juillet 2005, le projet de rendre utilisable Idéographix
pour les sourds utilisateurs de la LSF se précise. Les Actes
de Lecture n°93 de mars 2006 en rendent compte.
Le
bilinguisme sourd sur la cinq d'Anne Valin qui fait
part de ses réflexions suite à une
émission TV de la 5ème chaîne, L’œil et la main, destinée aux sourds et qui
présentait le 26 février dernier un reportage sur
l’association 2 LPE (2 langues pour une éducation)
de Poitiers, pionnière en ce qui concerne le recours
à la langue des signes et au bilinguisme dans
l’enseignement des sourds et qui semble actuellement
prôner une intégration en milieu entendant.
Une expérience enrichissante en milieu sourd d'Anne Valin. (Présentation d'une solution pour les enfants
sourds souffrant de problèmes scolaires annexes - Actes de
Lecture n°98, juin 2007)
Essai de classement des méthodes de Thierry Opillard.
(Un classement des méthodes pour voir clair dans la
forêt des maniels et dans les discours sur la lecture ; la fin de
l'article caractérise la démarche AFL avec les sourds -
Actes de
Lecture n°99, septembre 2007)
Du bien fondé de l'éducation bilingue pour les enfants sourds de Françoise Leclerc.
(De la nécessité de la langue des signes pour enseigner le français écrit, langue seconde - Actes de
Lecture n°103, septembre 2008)
(Un logiciel
pour l'apprentissage
et le perfectionnement de la lecture chez les sourds)
Dossier
réalisé par Yvanne Chenouf, Annie Janicot, Gilles
Mondémé, Thierry Opillard, Nicole
Plée, Dominique
Vachelard et coordonné par Annie Janicot.
Introduction Thierry
Opillard
Genèse
de Vidéographix Thierry Opillard
Les 80% ou
l'identique rapport à l'écrit du sourd signeur Anne Valin
Étude
sur les difficultés en situation de production
d'écrit et de compréhension de texte chez des
élèves et des adultes sourds Claire-Lise Velten
Sourds lecteurs,
mêmes démarches Thierry
Opillard
Se
réapproprier l'écrit par les signes Laurence Drouet
L'accès
à l'écrit chez l'apprenant sourd signeur Marie Perini, Élise Righini-Leroy
Le projet
Vidéographix, Claire-Lise Velten
Le 9 octobre 2002, l'AFL et l'établissement Laurent
Clerc de Champs sur Marne organisaient au Centre Paris-Lecture le
colloque LECTURE ET SURDITÉ. Notre revue Les Actes de Lecture en
rendait compte dans son n°80 de Déc. 2002
LES INTERVENTIONS
- Pour un
véritable accueil des enfants sourds : l'importance du
groupe André Meynard
- Lecture-écriture
et développement socio-cognitif de l'enfant sourd Cyril Courtin
- Mais
pourquoi ne lisent-ils pas ? Jean-Yves Le Capitaine
- Bilinguisme
et voie directe Gilles Mondémé
LES ATELIERS
- Bilinguisme Jean Duverger
- La
leçon de lecture Thierry Opillard
- Intégration
: faire équipe, respecter son adversaire et y aller ! Nathalie Bois
- Conditions d'apprentissage Anne
Mahé
accueil lll contacts lll mentions légales lll plan du site